L’écriture comme outil thérapeutique dans les TCA et les addictions
- Axelle Ramos
- 9 mai
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 mai

Quand les mots peinent à sortir à l’oral, l’écriture peut devenir une voie de libération.
Dans le cadre des troubles du comportement alimentaire (TCA) et des addictions, elle représente bien plus qu’un simple exutoire : c’est un outil thérapeutique profond, accessible à tous, qui permet de poser un regard différent sur soi, sur son vécu, et sur son chemin de transformation.
L’écriture permet d’exprimer, de comprendre et de transformer ce qui se joue en soi, souvent de manière inconsciente.
Voici comment elle peut accompagner un processus de rétablissement, en complément d’un accompagnement thérapeutique ou d’un coaching.
1. Extérioriser les émotions et pensées refoulées
Les personnes concernées par les TCA ou les addictions ressentent souvent un trop-plein intérieur : de l’angoisse, de la culpabilité, de la honte… mais sans toujours parvenir à en parler.
L’écriture devient alors un espace intime, sans jugement, pour déposer ce qui pèse.
Elle permet de :
🔸 Mettre des mots sur le mal-être, le vide ou la confusion intérieure
🔸 Libérer la charge émotionnelle sans avoir peur d’être incomprise
🔸 Prendre du recul sur ses réactions automatiques
Exemples d’exercices :•
✅ Chaque soir, écrire une phrase ou un mot-clé pour décrire son état émotionnel du jour
✅ Tenir un journal d’émotions ou de sensations corporelles, notamment après les repas ou lors d’envies compulsives
✅ Écrire librement pendant 10 minutes chaque fois qu’une crise émotionnelle ou une compulsion se présente
2. Repérer les schémas répétitifs
L’un des grands apports de l’écriture est qu’elle rend visible ce qui, jusque-là, restait flou ou inconscient. En relisant ses mots, on peut observer les schémas qui se répètent : les mêmes déclencheurs, les mêmes émotions, les mêmes comportements automatiques.
Cela aide à :
🔸Identifier les déclencheurs émotionnels ou les situations à risque
🔸 Comprendre ce que l’on cherche à fuir, compenser ou contrôler dans un moment de crise
Exemples d’exercices :
✅ Après une crise ou une consommation, répondre à ces questions par écrit :
– Qu’est-ce que je ressentais juste avant ?
– Qu’ai-je cherché à éviter ou à combler ?
– De quoi avais-je besoin ?
– Qu’est-ce que j'ai ressenti après?
✅ Relire son journal chaque semaine pour noter les répétitions, les évolutions et les prises de conscience
3. Se reconnecter à soi et reconstruire son identité
TCA et addictions entraînent souvent une perte de repères, une déconnexion du corps, de ses besoins et de sa valeur personnelle.
L’écriture aide à retrouver cette connexion à soi, tout en reconstruisant une image plus douce, plus juste.
Elle permet de :
🔸 Se réapproprier ses émotions, ses besoins et ses limites
🔸 Redonner une voix à son corps, souvent maltraité ou ignoré
🔸 Cultiver la reconnaissance de soi et l’amour de soi
Exemples d’exercices :
✅ Écrire une lettre à son corps, pour lui demander pardon, lui dire merci ou simplement lui parler avec bienveillance
✅ Tenir un journal de gratitude pour soi-même : “Aujourd’hui, je me remercie pour…”
✅ Écrire chaque matin 3 affirmations positives, en lien avec la guérison, la force intérieure ou la confiance en soi
4. Libérer la parole sur les blessures passées
Derrière les troubles du comportement se cachent parfois des blessures profondes : traumatismes, violences, carences affectives... L’écriture permet de commencer à dire l’indicible, à son rythme, sans censure.
C’est un acte de réparation et de libération intérieure. Elle offre la possibilité de :
🔸 Dire ce qui n’a jamais pu être exprimé à haute voix
🔸 Mettre de la lumière sur l’ombre et initier un processus de guérison
Exemples d’exercices :
✅ Écrire une lettre non envoyée à une personne qui a blessé ou marqué, pour libérer ce qui reste bloqué
✅ Raconter un épisode marquant de sa vie comme un récit, en choisissant ses mots et son angle
✅ Écrire un texte symbolique de rupture avec l’addiction ou le trouble, comme une décision intérieure
5. Se projeter vers le changement
L’écriture ne sert pas uniquement à revenir sur le passé ou sur les blessures : elle peut aussi devenir un levier puissant de transformation. En posant une vision, des intentions ou un plan d’action, on donne une direction concrète à son chemin de guérison.
Elle permet de :
🔸 Créer une vision claire d’une vie libérée
🔸 Se reconnecter à ses rêves, ses projets, ses valeurs
🔸 Poser des intentions et des engagements envers soi-même
Exemples d’exercices :
✅ Écriture d’une visualisation guidée : “Ma vie dans 1 an, libérée de la compulsion ou de l’addiction…”
✅ Rédaction d’un pacte avec soi-même, avec des engagements concrets
✅ Bilan de transformation : “Ce que je laisse derrière moi / Ce que j’ai appris / Ce que je choisis aujourd’hui”
🎯 Comment l'écriture m'a sauvé ?
Quand je souffrais de TCA et d’addictions, je pensais que personne ne pouvait entendre, ni comprendre mes pensées malades, mes souffrances, l’enfer de mes compulsions.
C'était le seul moyen de m'exprimer.
Au début de mon rétablissement, l’écriture m’a permis d’observer et de prendre conscience de mes pensées, mes comportements, de mes émotions.
J'ai appris ensuite à partager avec des personnes de confiance ce que j'écrivais.
Au cours de mon rétablissement
✅ J’ai écrit pour ne pas compulser
✅ J’ai tenu mon carnet alimentaire de nombreuses années
✅ J’ai noté 10 gratitudes par jour pendant des mois
✅ J’ai écrit mes émotions, peurs, mes doutes, mes espoirs, mes rêves
Aujourd'hui encore l'écriture m'aide.
Quand je doute, que mes peurs m'envahissent, je prends un moment pour faire une liste de gratitude. Lorsque que je lis ma liste, je ne peux qu'avoir confiance en l'avenir 🌈
✨ En résumé
L’écriture n’est pas une solution magique, mais elle peut devenir une boussole intérieure, une compagne fidèle sur le chemin de la guérison. Elle ouvre un espace d’intimité, de liberté et de clarté, à condition de s’y autoriser, un mot à la fois.
C'est un premier pas précieux, mais elle n’a pas vocation à tout porter seule.
À un moment du chemin, vient le besoin de partager ce qui a été écrit, compris ou ressenti, avec une personne de confiance : un coach, un thérapeute, un proche bienveillant, un groupe de soutien.
Ce partage permet de mettre en mots autrement, de recevoir un regard extérieur, d’oser être vue dans sa vulnérabilité… et ainsi de continuer à avancer.
Ce passage du journal intime à la parole partagée
est une étape essentielle vers la libération et la reconstruction.
Ce sera justement le thème d'un prochain article :
La force du partage dans le processus de rétablissement





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